40 collaborateurs reprennent le spécialiste des marques et brevets Gevers

Avocats et personnel administratif aidaient la famille fondatrice à reprendre l’entreprise plus que centenaire en 2017. Les Gevers leur cèdent désormais leur majorité du capital.

Spécialiste de la protection de la propriété intellectuelle, le groupe Gevers était de nouveau aux mains de la famille fondatrice depuis 2017. Toutefois, ce retour aux commandes, fort de l’acquisition de 55% des parts, se voulait temporaire. “L’objectif est que, d’ici six ans, les employés-associés à l’opération (qui reprenaient 45% du capital, NDLR) puissent racheter notre majorité à un prix préétabli”, affirmait alors la nouvelle CEO, Gaëlle Gevers, revenue pour mettre un terme à la politique de court-termisme du fonds français Syntegra Capital (ex-SG Capital Europe).

L’opération aura finalement eu lieu plus tôt que prévu, a-t-on appris. Avec l’aide de la famille, les désormais 40 associés ont, en effet, repris le groupe à la fin de 2022 déjà, “convaincus par ce projet de véritable partenariat”. Il en va aussi bien d’avocats que de membres du personnel administratif.

“Gaëlle Gevers cède sa place au juriste Bram Dejan, élu par ses pairs-repreneurs nouvel administrateur délégué de Gevers.”

Si les Gevers sortent complètement de l’actionnariat dans le cadre de l’opération – mais pas du métier puisqu’ils sont également à retrouver derrière Fovea IP -, Gaëlle Gevers conserve, elle, quelques actions afin de refléter le rôle temporaire de conseillère qu’elle endosse. L’intéressée lâche en revanche l’opérationnel au profit du juriste Bram Dejan. Élu par ses pairs-repreneurs nouvel administrateur délégué de Gevers, l’homme connaît bien la maison. Il y officie depuis bientôt quinze ans comme dirigeant de la pratique “marques” en Belgique.

Sa stratégie pour demain? “Poursuivre ce qui a été fait jusqu’ici”, indique-t-il, “soit une stratégie axée sur la digitalisation des processus, la proximité client et la diversification des services. En effet, notre métier évolue: les évolutions technologiques – comme l’intelligence artificielle ou le metavers – et réglementaires – comme le ‘brevet unitaire’ (qui permettra, à partir de juin, d’obtenir un seul titre pour les 17 membres de l’Union européenne et de l’Office européen des brevets ayant ratifié l’accord, NDLR) – ont un impact sur la propriété intellectuelle. Nous nous devons d’y répondre”

Numéro un

“Peu connu du grand public, Gevers est le leader en Belgique de tout ce qui touche au droit des marques et brevets, au droit d’auteur, à la lutte contre la contrefaçon ou encore aux noms de domaine.”

Peu connu du grand public, Gevers est le leader en Belgique de tout ce qui touche au droit des marques et brevets, au droit d’auteur, à la lutte contre la contrefaçon ou encore aux noms de domaine, par exemple. Grâce à ses quelque 230 collaborateurs, le groupe a réalisé l’an dernier un chiffre d’affaires de 55 millions d’euros environ, pour un excédent brut d’exploitation (ebitda) d’un peu plus de 4,5 millions.

La société opère aussi bien en Belgique qu’en France (Paris et Toulouse), où elle a grandi à grands coups d’acquisitions de cabinets d’avocats spécialisés locaux (Adsigna, Bloch, Bonnetat, GLN, Kohn, Martinet & Lapoux, Orès…), au-delà des États-Unis et de la Chine, forte de bureaux de représentations. L’entreprise n’est toutefois plus présente en Suisse, où elle a cédé ses activités en 2018.

Sur la question de la croissance externe, le groupe se montre ouvert aux acquisitions en cas de cohérence tant sur les axes stratégiques, que de culture d’entreprise.

Innovation

Gevers fête ses 125 ans cette année. L’aventure a démarré en 1898, à Anvers, sous l’impulsion de Jacques Gevers. Objectif? Aider une industrie belge naissante à acquérir des brevets pour protéger ses inventions. Le groupe est à l’origine de plusieurs innovations et a notamment créé, en 1985, la base de données du Bureau américain des brevets et des marques de commerce (USPTO ). D’importantes sociétés sont également nées dans son giron, telles que CompuMark, vendue en 1986 à Thomson Reuters, ou encore Editai, cédée à Questel-Orbit puis à Corsearch (en portefeuille du Bruxellois Cobepa depuis 2021).

Gevers est connu aujourd’hui pour son portail client de gestion de la propriété intellectuelle sur tout son spectre, donnant accès en un clic à un état des lieux complet (date de validité, procédures en cours…), à l’image de votre application bancaire sur la situation de vos économies personnelles.

Pour assurer son futur, le groupe s’attelle depuis quelques années à se rapprocher des innovateurs. Outre des partenariats noués avec des acteurs tels que BeAngels ou le Voka, des bureaux ont été ouverts à proximité du premier incubateur chinois d’Europe, le China-Belgium Technology Center (CBTC), à Louvain-la-Neuve, ainsi que sur le Corda Campus, ce fameux campus d’entreprises high-tech situé à Hasselt. Dans la même logique, les activités ont été déménagées du centre vers la Défense, à Paris, de même qu’aux abords du parc d’activités économiques liées aux sciences du vivant, à Liège, qu’est le LégiaPark. Planté entre hôtels et bureaux de grands comptes (Apple, Canon, EY… ), le bureau de Diegem devrait également connaître du changement à terme, entend-on.

Gevers
  • Fondation en 1898 par Jacques
  • Leader belge de la protection de la propriété intellectuelle (brevets,..).
  • Opère en Belgique et en France, avec des bureaux de représentation en Chine et aux
  • Chiffre d’affaires (2022): 55 millions d’euros
  • Ebitda (2022 ): unpeu plus de 4,5
  • 230
  • Actionnariat: 40 associés.

Auteur: Simon Souris

Copyright picture: ANTONINWEBER/HANS LUCAS

Source : L’Echo